mercredi 30 juin 2010

J'ai pas vu défiler ma vie comme on dit

J'aurais pu écrire un article sur la peur qui m'a secouée, sur les blessures graves qui me font souffrir à longueur de temps ou sur la dépression qui me traîne petit à petit au fond du gouffre depuis l'accident... mais je ne le ferai pas. Pour la simple et bonne raison que je n'ai rien ressenti de tout cela, ou presque.

On m'a conseillé d'extérioriser l'événement car, même si je nie, l'impact psychologique est là.

Cela fait maintenant une semaine et demie que j'ai fait mon baptême d'accident de voiture. Je ne sais pas s'il existe des catégories officielles pour classer les différents cas mais je pense que le mien se situe dans une catégorie bien supérieure à celle des accrochages au phare cassé en ville. On visualisera plutôt un Berlingo et une remorque double essieux inadmissiblement surchargées s'affairant sur une 4 voies et arpentant une descente dangereuse en virage sous un tunnel.
Joli décor n'est-ce pas ? En tout cas, c'est la mise en scène adéquate pour faire une petite dizaine de violentes embardées avant de s'encastrer dans le terre plein central et de finir admirablement en tonneau puis de part et d'autre de la route (remorque et voiture à l'opposé) à la sortie du tunnel.

Je ne réalise pas vraiment et je n'ai surtout pas envie de réaliser à quel point j'ai risqué ma vie ce soir là et c'est peut-être pour ça que je vais bien, ou presque.
Par contre, je réalise à quel point mon chef, ce connard, est encore pire que ce que je pensais et c'est -j'en suis sûre- son comportement qui m'a fait me sentir mal et colérique après coup.

Après une très mauvaise journée de travail en sa compagnie et une engueulade (entre autres) parce que le chargement était vraiment dangereux (mais monsieur veut se faire beaucoup beaucoup de fric pour partir en vacances alors faut louer beaucoup beaucoup de choses ! A mes risques et périls !!), je devais rentrer à l'entrepôt (à 60km de Paris) pour décharger l'ensemble. C'est donc sur la route du retour que Boum ! emportée par le poids de la remorque.
Quelques minutes après l'accident, j'ai contacté mon ami-collègue qui m'attendait à l'entrepôt pour qu'il me rejoigne. Ensuite il a téléphoné au chef pour le prévenir compte-tenu de sa responsabilité (je suis son employée, c'était sa voiture, sa remorque et son matériel). Il a répondu "bah tu m'appelles si y'a besoin". Ok, j'avais pas besoin de voir sa gueule de toute façon mais merci de prendre de mes nouvelles...
Le policier qui s'est chargé de moi m'a gentiment sauvé la peau en ne disant pas à son chef que la remorque était en surcharge, que du coup j'avais pas le permis approprié (E) donc que je roulais sans permis/sans assurance et ça m'a évité la garde à vue, le retrait de permis, un passage au tribunal, une grosse amende et que sais-je... ? Gros stress...
Je rentre chez moi plus tard et pas un seul coup de téléphone pour savoir si ça va.
Le lendemain à 9h30 alors que du coup je me suis couchée à pas d'heure et que j'ai les nerfs, sans gêne il me réveille et dit "désolée j'me suis endormi hier soir". Du calme Marine, du calme... Et puis la phrase qui suit m'achève "bon et sinon, quelle est la situation pour le matériel ? Plus rien n'est utilisable ?" NOOOOON CONNARD J'AI FAILLI CREVER POUR TES CONNERIES !!! J'ai pas gueulé en vrai mais j'ai dit que j'avais risqué ma vie et il m'a rigolé au nez... Et après ça, j'ai le droit de le zigouiller de mes propres mains ou bien ? Ensuite il m'a dit qu'on devait aller récupérer le matériel... "ON" ? MON CUL !! Il a quand même fini par me demander comment j'allais avant de raccrocher. *blasée*
Nouvel appel 3h plus tard "On m'a dit qu'il fallait que j'arrête avec les remorques et que j'achète un camion" ... "blablabla travail blablabla re-travail blabla..." NON MAIS JE REPRENDS PAS LE TRAVAIL DEMAIN FAUT PAS RÊVER !! "non pas besoin d'arrêt de travail..." OUAIS ET MON CUL C'EST DU POULET ! Donc j'ai quand même été chez le médecin faire constater et faire un arrêt de travail. Punaise que j'étais colère intérieurement !!!

L'histoire est déjà longue mais je vous ai passé pas mal de détails, ceux-là suffisent à comprendre que c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase et que je n'ai pas du tout envie de revoir ce pauvre type. Malheureusement mon contrat se termine en septembre et j'ai besoin de fric...

Zeeeeeeeeen Marine, zeeeeeeen. Et... courage... !!!

4 commentaires:

ARMALITE a dit…

Et bien heureusement que tu n'as rien, mais... à ta place, je passerais un coup de fil aux Prud'hommes pour savoir s'il n'y a pas quelque chose à faire contre ce vilain monsieur (= récupérer un dédommagement financier pour le préjudice subi...)

Marine a dit…

Oui heureusement :-)
J'peux pas prouver grand chose aux Prud'hommes...

arofarn a dit…

Outch! Tu n'en sors bien ! Et t'en mieux! Je vois assez bien la voiture et la remorque pas stable pour avoir déjà rouler derrière un certain soir... si tu veux te protéger d'une éventuelle récidive, regarde du côté du droit de retrait et du devoir de l'employeur de fournir les outils de travail adaptés (ici: véhicule/remorque et permis qui va bien).

Isa de Joinville a dit…

Il faut le déclarer en accident du travail surtout ! Sinon avec un arrêt de travail normal tu perdras 3 jours de salaires (les 3 premiers jours). Lui il aura son taux d'accident du travail qui augmentera et ce n'est que justice.